Pour soumettre votre poster, merci d’envoyer un titre et un résumé (400 mots) ainsi que votre CV à maison.epigraphie@univ-poitiers.fr d’ici le 15 décembre 2025.
Les propositions seront examinées par le conseil scientifique du colloque et les réponses données début 2026. Les candidates et candidats sélectionnés devront fournir la version numérique en format pdf de leur poster au plus tard le 15 avril 2026. Les posters seront imprimés par les soins des organisateurs et organisatrices du colloque.
Les frais de transport et d’hébergement seront également pris en charge par le colloque.
Appel_à_poster_FR-EN_colloque_épigraphie
Texte de cadrage
Clôturant les projets de recherche ERC GRAPH-EAST et IUF CARMECA, le colloque Épigraphie et latinité au Moyen Âge, organisé par le CESCM avec l’appui de l’Equipex+ Biblissima+, va bien au-delà d’un nécessaire bilan historiographique autour de l’épigraphie médiévale (réflexions théoriques, fondements et développements de la discipline, champs d’application récents…). Adoptant une perspective de décloisonnement disciplinaire, il vise en effet à explorer, dans une alternance de synthèses thématiques et d’études de cas, les inscriptions médiévales dans le contexte de la latinité et à ses marges (géographiques ou culturelles), pour mesurer l’enjeu d’une écriture exposée dans la construction des identités.
À la fois concept historique et notion historiographique, la latinitas semble se prêter particulièrement bien à cette exploration. Au-delà de son usage rhétorique d’origine, le concept de latinitas pris au sens large permet en effet d’aborder des champs très divers dans le cadre de l’épigraphie. Avec l’alphabet latin, on touche la question de l’écriture. La langue latine, quant à elle, concerne à la fois les questions purement linguistiques, mais également littéraires et stylistique. Si l’on se place d’un point de vue culturel, social et/ou géographique, la latinitas peut désigner, à travers une chrétienté multilingue, celle qui – en Occident ou en Orient – a pour langue liturgique le latin et se range sous la primauté de l’Église romaine. En Orient, la latinitas définit aussi une « identité » collective, celle des « Latins », qui peut aller jusqu’à comprendre un habitus particulier (mœurs, coutumes, vêtements…). Parler de latinité médiévale oblige enfin à se situer dans le temps, entre la romanitas de l’Antiquité classique ou tardive et la « néo-latinité » de la Renaissance et des humanistes.
Le colloque de Poitiers vise donc à s’interroger sur le rôle des inscriptions dans la construction et le développement, la prise de conscience ou la mise en scène de cette notion de latinitas dans les contextes les plus variés. Il permettra d’analyser la pluralité de cette latinité médiévale à travers les media épigraphiques et leurs acteurs, en favorisant une histoire « connectée », de penser en termes dynamiques les relations avec les autres cultures épigraphiques, que ce soit dans le domaine méditerranéen ou plus septentrional. Ainsi, la notion de « latinité » pourra être mise en regard d’autres identités de groupes, dont les néologismes de « francité », « grécité » ou « arabité » ne rendent qu’imparfaitement les contours.
La documentation épigraphique fournit ainsi un angle d’attaque original et de premier plan pour repenser la latinitas médiévale. En effet, dans la lignée des études lancées dans les années 1990 autour des pratiques sociales de l’écrit et, plus généralement, de la scripturalité (literacy), les recherches actuelles en épigraphie médiévale appréhendent désormais l’objet inscrit à la fois comme un véritable « texte en contexte » dont la dimension spatiale, visuelle et plastique, voire iconique et symbolique, peut être particulièrement élaborée. Cette perspective globale, qu’on peut qualifier d’« holistique » ou d’« écologique », permet d’appréhender les inscriptions en s’intéressant à la fois à leur texte, à leurs formes graphiques ou matérielles, aux conditions de leur réalisation, à leur réception dans un contexte donné. Elle donne aussi l’occasion de franchir les limites disciplinaires traditionnelles, qui permet, par une conception large de l’épigraphie, d’inclure également les légendes sur les sceaux et les monnaies, ou les graffitis, souvent proches de l’écriture cursive, manuscrite.
Afin de favoriser les échanges et discussions, le colloque est conçu selon cinq grands axes thématiques :
1) L’écriture. Dans le domaine épigraphique, l’écriture représente sans doute l’élément visuel le plus immédiatement reconnaissable, donc le plus efficace pour l’expression et la reconnaissance de la latinité. Les questions suivantes pourront être abordées : l’écriture épigraphique, par ses formes, sa visualité et son iconicité, a-t-elle contribué à forger le paysage graphique de l’Occident ? Quel rapport scripteurs des inscriptions – commanditaires, rédacteurs, artistes et artisans – entretiennent-ils avec la latinité ? Les matières et techniques choisies jouent-elles dans la production et la perception des lettres latines ? Comment interpréter les « images d’écriture » (pseudo-écriture latine, imitation plus ou moins bien maîtrisée d’écriture étrangère) et l’altérité graphique dans cette perspective ?
2) Question de style. Si le langage épigraphique apparaît souvent très normé, on peut aussi s’interroger sur la place de inscriptions dans la construction d’un certain type de latinité. Peut-on considérer que la circulation et la transmission au fil des siècles de certaines modalités langagières communes (par exemple les formules) ont contribué à tisser des réseaux textuels spécifiques, tant en Occident qu’en Orient ? La poésie dite épigraphique, monde vaste et multiforme, jusqu’alors délaissée par les historiens et pourtant omniprésente, tant dans les manuscrits que dans les inscriptions matérielles, a-t-elle de même pu jouer un tel rôle ?
3) Latin et langues vernaculaires. Les inscriptions mettent par ailleurs en évidence les relations entre les langues à l’intérieur d’une même société ou à plus vaste échelle, que ce soit dans les divers registres et strates du latin entre Antiquité tardive et Moyen Âge, puis avec la mise par écrit des langues vernaculaires au cours du Moyen Âge, ou enfin avec un certain retour de la latinité à la Renaissance. Ces rapports dynamiques non dichotomiques seront au cœur de la réflexion, dans une perspective linguistique tout comme sociolinguistique et socio-sémiotique. Une attention particulière sera portée aux textes épigraphiques en français médiéval, inscrits sous différentes formes dialectales de l’Irlande à Chypre et aux États latins de Terre sainte.
4) Latinité en contact. Que ce soit en Orient ou en Occident, les sociétés cosmopolites et multiculturelles offrent un paysage épigraphique complexe et enchevêtré, dans lequel la notion de latinité peut jouer un rôle soit catalyseur, soit révélateur. On pourra alors s’interroger sur les formes de porosité, de contamination, voire d’hybridation perceptibles dans le contenu comme dans la mise en voir du message épigraphique, qu’il s’agisse du choix des formes de lettres, de la structuration visuelle et de l’esthétique graphique, ou encore de l’utilisation de techniques particulières. Sans exclure les mondes septentrionaux (avec les runes ou l’écriture oghamique), le contexte méditerranéen sera privilégié, car propice à observer de manière croisée les productions latines et les autres (grecques, arabes, syriaques, arméniennes, géorgiennes, hébraïques, cyrilliques, …). Les cas de bilinguisme ou bigraphisme au sein d’une même inscription, voire d’un même site, feront l’objet d’une attention particulière, permettant d’appréhender des questions variées : celle de la similarité ou de la distanciation textuelle des différents témoins mis en regard (entre traduction et adaptation), de la culture bilingue des commanditaires, artisans ou des publics visés et, plus généralement, des enjeux de choix souvent forts d’un point de vue identitaire.
5) La latinité vue par les autres. La dernière partie du colloque sera consacrée à la perception des inscriptions latines par les autres cultures, entre le Moyen Âge et les périodes récentes, y compris dans le cadre de l’érudition moderne ou des courants orientalistes. Comment perçoit-on, de l’extérieur, les inscriptions en caractères latins ? Peut-on observer des tentatives de « latinisation », c’est-à-dire d’appropriation identitaire des édifices par l’apposition d’une écriture monumentale latine, ou au contraire des réactions négatives conduisant à l’effacement, à la destruction ? Quelles sont représentations socioculturelles, idéologiques voire politiques, liées à ces langues et écritures exposées ?
Participants
- BONNIN Rémi (CESCM – CNRS)
- CALVELLI Lorenzo (Università Ca’ Foscari Venezia)
- DE RUBEIS Flavia (Università Ca’ Foscari Venezia)
- DEBIAIS Vincent (EHESS – CNRS)
- DUSSART Clément (CESCM – CNRS)
- FAVREAU Robert (CESCM)
- FORSYTH Katherine (University of Glasgow)
- FORTIN Léontine (CESCM – CNRS)
- GREGOR Thierry (CESCM)
- GREVIN Benoît (EHESS – CNRS)
- HARUTUNYAN Khachik (Mashtots Institute of Ancient Manuscripts Matenadaran)
- HERBERT DE LA PORTBARRE-VIARD Gaëlle (Aix-Marseille Université)
- IMBERT Frédéric (Aix-Marseille Université)
- INGRAND-VARENNE Estelle (CESCM – CNRS)
- LAGARON Anna (IFAO Le Caire)
- LAMBERT Chiara (Università degli studi di Salerno)
- MAVROMATIDIS Savvas (University of Cyprus)
- MEYER-FERNANDEZ Geoffrey (Aix-Marseille Université)
- MIKHEEV Savva (Universität Heidelberg)
- MOCELLA Paola (Università di Siena)
- PALUMBO Alessandro (University of Oslo)
- PARANI Maria (University of Cyprus)
- PLOTON François (École nationale des chartres)
- RHOBY Andreas (Österreichische Akademie der Wissenschaften)
- ROUQUETTE Enimie (Sorbonne Université)
- SAGLAM Sercan (Koç University)
- SMITH Marc (École nationale des chartres)
- STELLA Francesco (Università di Siena)
- STREZELECKI Damien (CESCM – CNRS)
- TEDESCHI Carlo (Università degli Studi “G. d’Annunzio” Chieti Pescara)
- TOTH Ida (University of Oxford)
- TREFFORT Cécile (CESCM – Université de Poitiers)
- VERBAAL Wim (Universiteit Gent)
- VILLANO Maria (CESCM – CNRS)
- ZAJIC Andreas (Österreichische Akademie der Wissenschaften)