Responsable : Cécile Voyer

La notion de culture visuelle, largement utilisée dans les Sciences Humaines, mérite d’être redéfinie en y intégrant tous les paramètres de contextualisation matérielle. La compréhension de la production de peintures, de sculptures, d’ornements, de mobiliers ou encore de l’objet épigraphique est rigoureusement indissociable de sa mise en relation étroite au contexte — une aire géographique donnée à une période de son histoire — et à l’espace matériel où les œuvres ont été réalisées. De la même façon, un bâti et un périmètre communautaires ne se conçoivent que dans leur interrelation avec les œuvres qu’ils contiennent, expressions idéologiques et esthétiques de pratiques religieuses et culturelles mais aussi de traditions et d’autorités convoquées. Enfin pour définir la culture visuelle d’une communauté à un moment de son histoire, il convient d’appréhender, au-delà des lieux, des formes et des langages, l’environnement immatériel que constitue la fixation, dans la mémoire des corps, de l’ensemble des pratiques et des marqueurs d’appartenance (par exemple la musique d’une communauté, sa liturgie, son environnement politique et idéologique, sa temporalité historique héritée et partagée…).

Cette dynamique de recherche s’appuie sur des fonds documentaires exceptionnels : l’inscripthèque du Corpus des inscriptions de la France médiévale, la photothèque – un fonds photographique unique en France sur les monuments et leur décor des XIe-XIIe siècles – et la base de données Romane.

 

Programme A : La culture visuelle des communautés religieuses

Responsable : Cécile Voyer

Le monument canonial et son décor n’ont pas fait à ce jour l’objet d’une étude systématique en France. Ce projet, en cours depuis 2016, vise à travailler dans la longue durée sur des « séries » d’édifices et leur décor, afin d’éviter les choix impressionnistes qui occultent la logique d’ensemble des rapports monument/espace ou topographie sacrée/décor/liturgie/mise en scène du sacré et de la communauté. Chaque site majeur sera étudié avec un élargissement du questionnement à ceux qui en dépendent ou avec lesquels des liens s’observent (cathédrale ou communauté réformée).

En choisissant un corpus thématique, nous souhaitons amorcer un tournant pour la base Romane en l’engageant dans ce qui est l’avenir des bases de données patrimoniales : la réalité virtuelle ou la visite virtuelle grâce à la modélisation 3D et la réalité augmentée.

La culture visuelle des ordres militaires (XIIIe siècle)

Il s’agit d’étudier le décor et les aménagements des lieux de culte des ordres militaires (Templiers et Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem) au XIIIe siècle en France.

Peindre à Saint-Bertin au Xe siècle

Le scriptorium de Saint-Bertin est resté actif durant tout le premier Moyen Âge : une soixantaine de manuscrits et de fragments de manuscrits du VIe siècle au début du XIe siècle a été conservée. Des manuscrits luxueux ont été produits à la période carolingienne, puis des codices d’une remarquable qualité au tournant des Xe-XIe siècles, particulièrement sous l’abbatiat d’Odbert (986-1007).

Ce programme vise donc à analyser les manuscrits peints produits sous l’abbatiat d’Odbert en commençant par les Évangiles d’Odbert (Boulogne, ms 11) afin d’observer le processus créatif à l’œuvre (entre tradition et rénovation) et la spiritualité de la communauté bertinienne au Xe siècle.

 

Programme B : Liturgie et Sacramentalité

Responsable : Éric Palazzo

Ce programme de recherche a pour thème la liturgie et de la sacramentalité dans la peinture de Piero della Francesca (1412-1492); une dimension proprement médiévale qui s’observe dans l’œuvre du peintre ombrien. La peinture de Piero della Francesca témoigne en effet, comme celle d’autres grands artistes de son époque et de cette région, de la transition subtile entre le Moyen Âge et la « Renaissance ». À ce titre, les manifestations de la sacramentalité et de la liturgie sont un terrain d’observation privilégié.

Programme C : L’image et son lieu

Responsable : Marcello Angheben

Le projet « Eucharistie, dévotion et patronage : les images des sanctuaires et leurs relations avec les trois principales fonctions de l’autel (XIe-XIVe siècles) » vise à déterminer si ces images se rapportent aux trois fonctions principales de l’autel que sont le sacrifice eucharistique, le culte des saints et les donations.

Le projet « Le décor peint des cryptes romanes » constitue l’un des aspects particuliers de l’étude des images liées à l’autel. Il intègre une étude technique, stylistique et iconographique des peintures de la crypte de Notre-Dame-la-Grande de Poitiers.

Programme D : La culture graphique latine en Méditerranée orientale

Responsable : Estelle Ingrand-Varenne

L’épigraphie médiévale de l’Orient latin « ressemble à un désert scientifique » (C. Treffort 2011). Ce constat est en partie toujours vrai, mais la maturité de la discipline épigraphique et l’avancée des recherches sur les croisades et l’Orient rendent désormais ce terreau fertile pour une recherche à la fois personnelle et collective.

L’épigraphie au Royaume latin de Jérusalem (1099-1291)       

Ce projet est en deux volets :

– une édition de plus de 300 textes (hors-série du Corpus des inscriptions de la France médiévale, avec version numérique sur TITULUS)

– une étude basée sur une vision holistique et « écologique » des inscriptions, s’intéresse à la spécificité de cette épigraphie franque.  Cette recherche est menée en partenariat avec le CRFJ (Centre de recherche français à Jérusalem, UMIFRE n° 7 CNRS—MEAE) et l’IAA (Israel Antiquities Authority) ; il constitue une partie de GRAPH-EAST.

L’ERC GRAPH-EAST : Latin as an Alien Script in the Medieval “Latin East”

GRAPH-EAST est un projet ERC Starting grant 948390 (2021-2026) focalisé sur les inscriptions et graffiti en alphabet latin de la Méditerranée orientale du VIIe au XVIe s. (environ 2500 textes). Les quatre objectifs du projet sont de prendre en compte le « cycle de vie » de l’objet épigraphique (sa production médiévale et toute l’histoire de sa réception/transmission), puis de comprendre la représentation et la pratique du système alphabétique latin en Orient, de proposer une histoire connectée des épigraphies utilisant d’autres alphabets, et enfin d’analyser cette écriture migrante au prisme des transferts culturels entre Orient et Occident. (https://grapheast.hypotheses.org/)

L'équipe

Marcello Angheben, Estelle Ingrand-Varenne, Éric Palazzo, Carolina Sarrade, Maria Villano, Cécile Voyer

Doctorant.e.s : Amal Azzi, Chloé Banlier, Claire Barbier, Mélissa Bourroux, Clément Dussart, Thomas Guglielmo, Blanche Lagrange, Marjolaine Massé, Marie Métraud, Aude Rouquié, Gabrielle Schmid, Yaroslav Stadnichenko

Membres associés : Tina Anderlini, Anne Billy, Angélique Ferrand, Abderrazak Halloumi, Ariane Lainé, Arnaud Loaec, Chrystel Lupant, Sabine Maffre, Cécile Maruéjouls, Rafca Youssef Nasr, Élise-Annunziata Neuilly, Pamela Nourrigeon, Anne-Sophie Traineau-Durozoy

Membres extérieurs collaborateurs : Claire Boisseau (Centre André Chastel), Matteo Ferrari (Univ. Namur), Laurent Hablot (EPHE), Emilie Mineo (Univ. Namur), Anne-Zoé Rillon-Marne (Univ. catholique de l’Ouest), Daniel Russo (centre G. Chevrier), Éric Sparhubert (CRIHAM Limoges)

 


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