Cette exposition s’inscrit dans le prolongement du projet ICAR — Incertitudes CARTographiques (2022–2024), qui a réuni des chercheuses et chercheurs issu·es de différentes disciplines (géographie, histoire, géomatique, études culturelles) autour des formes d’incertitude qui traversent l’objet cartographique. 
La carte marine, loin d’être un simple reflet objectif de l’espace maritime, condense un ensemble de compromis techniques, cognitifs et politiques. Elle traduit une tentative de saisir l’invisible (profondeur des fonds, dynamique des courants, déplacements du trait de côte) dans un contexte d’incertitude permanente. Élaborées selon les méthodes de levés de leur époque, les cartes anciennes révèlent ces limites par la présence de lacunes, d’approximations et d’annotations hésitantes. Ces incertitudes ne doivent pas être perçues comme de simples défauts à corriger, mais comme de véritables témoins historiques : elles nous révèlent à la fois les limites objectives de la connaissance maritime de leur époque, les choix méthodologiques des cartographes pour représenter l’espace marin, et les diverses stratégies scientifiques et graphiques élaborées pour naviguer malgré l’incertitude.
La sélection présentée réunit des documents issus du fonds Bellin (médiathèque François-Mitterrand), du département des Cartes et plans de la BnF, ainsi que du fonds Kleiber, composé de cartes marines contemporaines annotées. Chaque panneau explore une forme d’incertitude liée à la cartographie maritime. L’ensemble propose une lecture critique des pratiques cartographiques en mer, du XVIIe siècle à aujourd’hui. En croisant histoire, sciences de la mer et humanités numériques, cette exposition invite à penser la carte non comme vérité, mais comme une construction située, tentant de représenter un espace en perpétuel mouvement.
